La vie quotidienne
Regardant d'un air morne la circulation dans la rue, Sadia se dirigea vers l'une des tables afin d'y déposer la commande du client, non sans oublier de bien remuer des hanches, sentant bien les regards s'y accrocher.

Profiter autant que vous voulez, c'est gratuit. Par contre, si vous voulez plus...

Ce sera payant.

Avec un sourire aussi aimable que commercial, la jeune femme déposa les boissons sur le rebord ciré de la table.

- Pouvons-nous vous offrir quelque chose d'autre ? Demanda-t-elle avec une voix de gorge.

Vêtue de l'habituelle tenue de serveuse, elle jouait de ses charmes, plus par routine que par réelle envie. Rejoignant le zinc où Bastian officiait, elle lui lança un sourire en coin et s'y accouda.

- Alors, du nouveau dans les sous-sols ?

Une oreille extérieure aurait pensé qu'elle parlait des caves de l'habitation, mais c'était tout le contraire. C'était juste un moyen de parler des affaires miteuses dans lesquelles Bastian traînait lors de ses heures de libre.

Son décolleté mis en valeur par son dos arqué et ses vêtements peu couvrants, elle ne cherchait pas à se cacher, ne donnant ainsi pas l'impression que leur conversation était interdite par Oracle elle-même.

Repassant aux cuisines afin de recharger son plateau, Sadia reprit son service, échangeant choppe vide contre assiette pleine. Évitant les mains baladeuses et récupérant les pourboires. Ses oreilles traînaient sans le laisser paraître, alors qu'elle donnait l'impression d'être plongé dans ses pensées.

Pour le moment, rien de bien intéressant, même si elle rapportera tout aux oreilles du blond, plus parce que c'était à lui de trier les informations. Après tout, ce n'était pas vraiment son job. Non, le sien était plutôt d'offrir du plaisir à des inconnus qui lui apportaient de l'argent et des secrets sur l'oreiller au lieu d'orgasme.

Vous vous dîtes sans doute que ce n'allait pas être le boucher du coin qui lui offrirait du croustillant ? Eh bien, vous avez raison.
Sadia ne faisait pas le maigre fretin, à moins que ledit maigre fretin possédait les moyens de s'offrir un peu de cette jeune femme. Sinon, elle faisait plutôt de l'escort d'hommes aisés, de ceux vivant sur Justicia et Temperancia. Voir plus. C'était d'ailleurs ce plus qui permettait à Bastian d'en savoir parfois plus qu'Oracle elle-même.

Bon, peut-être pas à ce point non plus.

- Y'a de la clientèle, pour moi, aujourd'hui ? Soupira-t-elle de nouveau.
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